Entre
le Wavrien Philippe Barras et sa Terrot de 1927:
une vraie histoire d'amour |
Soyons clairs: il existe de nombreux collectionneurs
de vieilles voitures, de vieilles motos, d'anciens camions, tracteurs,
chars, bécanes, Tous ces collectionneurs sont habités
d'une passion sans borne. Tous, sans exception, vous expliqueront,
sans doute de bonne foi, pourquoi la pièce qu'ils vous présentent
est vraiment particulière, qu'elle est même exceptionnelle,
voire unique au monde.
Philippe Barras est davantage un passionné qu'un collectionneur.
Dans sa caverne d'Ali Baba, on y appréciera deux 2CV des
années '50, en parfait état de marche et qui, avec
quatre personnes à bord, montent encore une côte normale
à un bon cinquante kilomètres/heure.
Juste derrière ces vénérables deuches, une
moto calfeutrée sous un drap: une authentique Terrot 350
cc, qui fut produite à Dijon en 1927!
Après avoir déplacé la belle de quelques mètres
afin de permettre au photographe de travailler dans de bonnes conditions,
le maître des lieux entame les présentations.
Avec plus d'étoiles dans les yeux que sur le sapin de Noël
de la Grand Place de Bruxelles, Philippe Barras aborde l'origine
de sa Terrot :
"Cà, c'est une vraie de vraie, tu vois, avec le réservoir
en dessous du cadre, par un système entretubes. Les réservoirs
au dessus du cadre ne sont arrivés qu'à partir de
1930. A 77 ans, ma Terrot, qui est une trois vitesses, se paie encore
des pointes de 80km/h. C'est bien, non ? Et elle m'offre des balades
de 80 kilomètres réparties en 2 ou 3 tronçons
chaque fois que je la sollicite pour des concentrations d'ancêtres.
Ainsi par exemple, le Rallye des Ardennes pour des véhicules
qui ont au moins 70 ou 75 ans. C'est agréable car on roule
tous à la même allure".
Philippe Barras et sa Terrot doivent toutefois s'adapter aux progrès.
" Ainsi, je dois faire gaffe
aux petits ralentisseurs du type casse-vitesse. Je dois carrément
m'arrêter et passer à pied en poussant ma cocote car
elle n'a pas de suspension arrière. Si je passe sans me soucier
de cela, ma moto est mûre pour la casse. En fait, en terme
de suspension, je dispose de deux ressorts en dessous de la selle.
Comme passager, je prends ma fille Salomé qui du haut de
ses quinze ans, est déjà une fan. En circuit fermé,
elle s'adonne déjà aux joies du quad. Aucun rapport
avec la Terrot, bien entendu. Mais j'y vois un signe qu'elle n'est
pas insensible aux joies des vrombissements et des ronrons de moteurs".
Philippe Barras a déjà possédé d'autres
motos. Des Gilette, Sarolea,:
"Mais j'ai dû m'en débarrasser car il m'était
impossible de la retaper. Aujourd'hui, avec ma Terrot, je peux compter
sur les précieux services d'un ancien mécanicien qui
s'y connaît à merveille en motos. Il me fait des entretiens
nickel et des inspections qui relèvent surtout de la prévention.
Car si un jour, il devait y avoir de la casse, à mon avis,
nous aurions mille et une difficultés pour trouver des pièces".
Ceci étant, qu'est-ce qui pousse Philippe Barras à
sillonner nos contrées en concentration. "Juste le fun.
A mon avis, le passage d'un ruban de 50 (ou plus) vieilles motos
dans un village est toujours un vrai spectacle. La preuve, c'est
que parfois, nous sommes applaudis sur notre passage. Cela n'a l'air
de rien, mais tous les motards prennent cela comme un encouragement,
comme le partage éphémère de leur passion.
Autre sujet de satisfaction: la technique de pilotage. Tu sais,
ma Terrot, je la commande avec des manettes indépendantes.
Pour les non-initiés, c'est quasi impossible. Etre à
bord de ma moto, élève vraiment mon pilotage au rang
de maîtrise. Pour le reste, je ne dois pas oublier une foule
de détails. Comme par exemple, faire le plein. Car à
cet âge là, on devient parfois plus gourmand. Ma Terrot
boit de la 98 sans plomb, à laquelle on ajoute 2% d'huile
et un additif pour moteur à quatre temps. Enfin, un dernier
sujet de satisfaction: la tenue spécifique du pilote d'ancêtre.
Indispensable pour se projeter vraiment dans l'époque de
la jeunesse de la moto: veste de cuir, casque rond en demi-sphère,
petites lunettes rondes et gants en peau beige."
 
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